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Les sports équestres occupent une place singulière dans l’espace sportif français, à la croisée d’enjeux culturels, économiques et territoriaux. Mais au-delà des pratiques de loisir ou de compétition, ils prennent place au sein des territoires à travers un maillage dense de centres équestres et une répartition spécifique des hippodromes, qui renvoient à des logiques d’accessibilité, des dynamiques touristiques, ainsi qu’à des héritages culturels spécifiques, et qui participent à structurer les espaces ruraux et périurbains.
Centres équestres : une organisation territoriale contrastée
1L’équitation, souvent perçue comme une activité sportive réservée à certaines classes sociales, s’appuie principalement sur un réseau de centres équestres affiliés à la Fédération Française d’Équitation (FFE), qui a enregistré plus de 650 000 licenciés en 2024 (soit la troisième fédération sportive derrière celles du football et du tennis). Les centres équestres sont aménagés pour former les cavaliers (estimés au nombre de trois millions), organiser des concours et rendre la pratique accessible au plus grand nombre. Apparus dans les années 1960, ils sont plus de 5 500 en 2025, mais ces établissements sont répartis de manière inégale sur le territoire français (photo 1).
Photo 1 : Le centre équestre de Laizé (Saône-et-Loire)
Source : Clément Bucco-Lechat, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.
2Certaines régions se distinguent par leur densité élevée en centres équestres, portée par une forte culture autour du cheval (figure 1). C’est le cas de la Normandie, historiquement liée au cheval, mais aussi des Pays de la Loire ou de PACA, avec une concentration élevée tout le long de la bordure méditerranéenne. À l’échelle départementale, les Bouches-du-Rhône, la Seine-et-Marne ou le Nord comptent parmi les territoires les mieux pourvus.
Figure 1 : Une répartition territoriale contrastée des centres équestres
Source : INSEE, 2024.
Pour une meilleure lisibilité des données représentées, l'auteur a choisi de faire varier la taille des symboles en fonction du diamètre et non pas de la surface.
3À une échelle plus fine, l’implantation des centres équestres reflète à la fois des dynamiques rurales et périurbaines où la disponibilité du foncier et un cadre naturel propice facilitent leur développement. Les centres équestres se sont massivement implantés en périphérie des grandes agglomérations, notamment autour de Paris, Lyon, Nantes, Lille ou Toulouse, où ils répondent à la demande croissante des populations urbaines en quête de loisirs de plein air. On peut également souligner une présence accrue de ces infrastructures dans certaines zones touristiques comme la Camargue, la Vendée, la Côte d’Azur ou la Provence.
4À la croisée des mondes urbains et ruraux, les centres équestres renvoient à des enjeux entre préservation des espaces agricoles, pressions foncières et demandes sociales liées aux pratiques récréatives. Leur répartition résulte d’une combinaison de logiques économiques (tourisme, loisirs de nature), culturelles (traditions équestres) et territoriales (périurbanisation, foncier disponible).
Les territoires des courses hippiques
5La France est le pays au monde qui possède le plus grand nombre d’hippodromes et l’un de ceux qui organisent le plus de courses. Le nombre d’hippodromes est cependant bien plus réduit que celui des centres équestres, avec 233 équipements recensés en France par la Fédération Nationale des Courses Hippiques en 2025. Leur répartition est très hétérogène sur le territoire français, bien plus que celle des centres équestres. On observe un très fort regroupement en Normandie, en Bretagne et dans les Pays de la Loire, des régions historiquement liées à l’élevage équin et aux courses hippiques et qui rassemblent plus de la moitié des lieux de courses (figure 2).
Figure 2 : Une implantation très hétérogène des hippodromes sur le territoire national
Source : Fédération Nationale des Courses Hippiques, 2025.
6Les grandes métropoles comme Paris, Lyon, Marseille ou Toulouse accueillent également des hippodromes d’envergure nationale et internationale, bénéficiant d’un public important et de solides infrastructures. À une échelle plus locale, un grand nombre de petits hippodromes (photo 2) témoignent d’un ancrage territorial fort, soutenu par des sociétés de courses locales et des traditions anciennes. Cette répartition spatiale dessine un maillage dense mais très contrasté géographiquement, associant des pôles majeurs à un réseau secondaire dynamique, qui participe pleinement à la structuration de la filière équine à l’échelle nationale.
Photo 2 : l’Hippodrome de Grosbois (Boissy-Saint-Léger, Val-de-Marne)
Source : Marek Slusarczyk, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons.
7Ces hippodromes, qui accueillent chaque année près de 17 000 courses, jouent un rôle important à l’échelle locale, à la fois d’un point de vue économique, social, culturel et patrimonial. Anciens lieux de sociabilité ou vitrines d’une économie fondée sur les paris et l’élevage, ce sont des lieux multifonctionnels qui structurent, animent et valorisent les territoires, en particulier les zones rurales ou périurbaines. Ils participent activement au dynamisme local en générant des emplois, en accueillant des événements saisonniers, en favorisant l’attractivité touristique et en contribuant à la préservation des identités et du patrimoine.
8Entre pratiques de loisirs, traditions culturelles et logiques économiques, les infrastructures équestres dessinent une géographie spécifique, à l’interface du rural et de l’urbain. La filière équine est aujourd’hui au cœur de multiples enjeux géographiques et territoriaux, qu’il s’agisse de la pression foncière, de la cohabitation avec les autres usages de l’espace ou encore de l’accessibilité sociale et spatiale de la pratique. Ces défis invitent à repenser la place du cheval dans les territoires contemporains, non seulement comme pratique sportive ou de loisir, mais aussi comme levier de développement touristique et patrimonial.
Pour citer ce document
Boris Mericskay, 2025 : « Les territoires de l’équitation en France : centres équestres et hippodromes », in L. Lestrelin, Y. Le Lay, F. Madoré, S. Loret & S. Charrier Atlas des Sports [En ligne], eISSN : 2971-4133, mis à jour le : 20/11/2025, URL : https://atlas-des-sports.science:443/index.php?id=698, DOI : https://doi.org/10.48649/asds.698.
Autres planches in : Diffusion spatiale des sports
Bibliographie
Digard J., « Les courses de chevaux en France », Études Rurales, n° 157‑158, 2001, p. 95‑106. DOI : 10.4000/etudesrurales.31
Ménager H., Géographie de l’équitation hors stade : mutations et coalescences de sociétés et territoires, Université Bordeaux 3, Thèse de doctorat en géographie, 2006. DOI : https://www.theses.fr/2006BOR30004
Vial C., Aubert M., Perrier-Cornet P., « Le développement de l’équitation de loisir dans les territoires ruraux : entre influences sectorielles et périurbanisation », Revue D’Économie Régionale & Urbaine, n° 3, 2011, p. 549‑573. DOI : 10.3917/reru.113.0549
Vial C., Aubert M., Perrier-Cornet P., « Loisirs de pleine nature et utilisation des territoires : le cas des activités équestres diffuses », Géographie Économie Société, vol. 17, n° 3, 2015, p. 289‑314. DOI : 10.3166/ges.17.289-314
Mots-clefs
- territoires
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Résumé
Les sports équestres occupent une place singulière dans l’espace sportif français, à la croisée d’enjeux culturels, économiques et territoriaux. Mais au-delà des pratiques de loisir ou de compétition, ils prennent place au sein des territoires à travers un maillage dense de centres équestres et une répartition spécifique des hippodromes, qui renvoient à des logiques d’accessibilité, des dynamiques touristiques, ainsi qu’à des héritages culturels spécifiques, et qui participent à structurer les espaces ruraux et périurbains.
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