planche publiée le 26 mai 2025

Votre fichier est en cours de création, veuillez patienter...

Table des matières

Une diffusion généralisée mais une présence visible dans les bourgs ruraux

1127 city stades ont été recensés en Maine-et-Loire en 2024, la plupart ayant été construits à partir de 2016 (figure 1). Ces équipements, apparus en France dans les années 1990, avec une apogée de réalisation dans les années 2010, sont désormais bien présents dans les plus petites communes : en Maine-et-Loire, le taux d’équipement atteint ainsi 21 % pour celles ayant moins de 500 habitants. Le city stade s’impose dans le paysage comme un élément plus ou moins bien intégré et est devenu un espace public différemment apprécié, à savoir un lieu de sociabilité mais qui génère aussi des nuisances. Il est un témoin parmi d’autres de l’urbanisation des campagnes, tant morphologiquement en étant un facteur de « banalisation » des paysages, que culturellement puisque cette uniformisation est celle des modes de vie qui bousculent parfois « les idées reçues sur les mondes ruraux », comme l’ont rappelé Lechien et Leroux (2025).

Figure 1 : Évolution du nombre de constructions de city stades en France et en Maine-et-Loire de 1955 à 2024

Sources : Base de données Data ES, équipements sportifs et lieux de pratiques, Ministère de l'Éducation nationale,Sports et Jeunesse (https://equipements.sports.gouv.fr)

Une typologie de la situation spatiale des city stades à l’échelle locale : contextes scolaire et sportif, distance au centre

2Comment décrire l’inscription de ces city stades dans leurs contextes spatiaux ? Quels sont les principaux facteurs qui influencent leur localisation dans les communes ? À partir de la base de données DATA ES du Ministère des Sports (recensement national des équipements sportifs et lieux de pratiques), nous avons construit puis testé une typologie élaborée sur deux paramètres : le premier est la nature fonctionnelle du contexte dans lequel s’inscrit le city stade, le plus souvent scolaire ou sportif, défini sur la base d’un indicateur de proximité de 250 mètres d’un équipement préexistant. Le second est un indicateur de centralité qui permet de situer l’équipement soit au centre du bourg, soit en périphérie. Les exemples exposés ci-dessous (figure 2) permettent de saisir trois cas de figure : une situation centrale (« centre ») ou très légèrement décentrée (« centre extérieur ») lorsque le city stade est bien inséré dans le tissu du bourg (exemple de L’Hotellerie-de-Flée) ; une situation périphérique dite « intérieure » lorsqu‘il est en limite de l’enveloppe bâtie (cas de Thorigné) ; une situation qualifiée d’« extérieure » lorsque le city stade est hors des limites de l’urbanisation (Briollay).

Figure 2 : Localisation des city stades dans les bourgs de L’Hotellerie-de-Flée, Thorigné-d’Anjou et de Briollay

Source : Géoportail, © IGN, date de la prise de vue aérienne : 10-07-2022

3Les critères de distance retenus pour ces deux indicateurs sont bien évidemment discutables, mais les seuils choisis nous ont semblé cohérents au regard du travail systématique de géolocalisation (outil Géoportail) que nous avons mené et que nous avons complété par des observations de terrain. Ainsi, en croisant les indicateurs de fonctionnalité et de centralité, nous obtenons douze catégories (tableau 1) dans lesquelles nous pouvons répartir les communes de Maine-et-Loire possédant un city stade (figure 3). Cette typologie laisse de côté les trois principales villes (Angers, Cholet, Saumur) car ces contextes urbains nécessitent une autre lecture.

Tableau 1 : Croisement des indicateurs de proximité et de centralité pour construire la typologie spatiale (Noaillac, 2024)

Indicateur de proximité	Scolaire (a)	Scolaire et sportif (b)	Sportif (c)	Différent (d)
Indicateur de centralité	Centre-centre extérieur (a1)	Centre-centre extérieur (b1)	Centre-centre extérieur (c1)	Centre-centre extérieur (d1)
	Périphérie intérieure (a2)	Périphérie intérieure (b2)	Périphérie intérieure (c2)	Périphérie intérieure (d2)
	Périphérie extérieure (a3)	Périphérie extérieure (b3)	Périphérie extérieure (c3)	Périphérie extérieure (d3)

Figure 3 : Nombre de city stades par catégories en croisant les deux indicateurs pour le département du Maine-et-Loire

Sources : Base de données Data ES, équipements sportifs et lieux de pratiques, Ministère de l'Éducation nationale,Sports et Jeunesse (https://equipements.sports.gouv.fr)

4L’analyse permet de comprendre que l’emplacement des city stades dans les bourgs ruraux ou périurbains est plutôt en périphérie et en majorité à proximité de contextes sportifs. A contrario, les city stades situés davantage en centres-bourgs sont généralement décorrélés d’un contexte sportif ou scolaire. Et si on pondère les deux indicateurs de proximité et de centralité en analysant lequel des deux est le plus déterminant dans la localisation, le contexte fonctionnel (scolaire et/ou sportif) s’impose sur celui de la distance au centre.

À l’échelle départementale : des pleins et des vides qui restent à interpréter

5La typologie des city stades à l’échelle des communes du Maine-et-Loire ne permet pas d’observer de logiques spatiales marquantes. Néanmoins, les localisations périphériques sont davantage présentes dans le nord (figure 4), où la plupart des communes sont situées en zones de revitalisation rurale (ZRR) : sur les 127 city stades, 46 sont localisés dans ces ZRR qui, avec les quartiers prioritaires des villes (QPV), ont été les territoires plus particulièrement ciblés par le plan gouvernemental « 5 000 équipements sportifs » (200 millions d’euros sur la période préolympique 2021-2024).

6La faible présence des city stades dans le sud-ouest du département interroge. Puisque ces équipements sont d’abord des terrains de basket (praticable dans 99 % des terrains, devant le football 91 %, le handball 83 %, le volley 46 % puis le tennis 17 %), peut-on faire l’hypothèse que dans les Mauges - « terre historique de la balle orange » - la densité des salles de sports est un facteur explicatif ? Au-delà de ce cas émerge une question plus générale. Dans la mesure où s’impose le contexte sportif comme facteur d’installation de ces city stades, la façon dont les clubs sportifs jugent leur développement doit être questionnée. Les considèrent-ils comme une offre concurrentielle « déloyale » car gratuite, ou au contraire comme un vecteur de développement des pratiques sportives susceptibles de leur amener de nouveaux adhérents ? Cette mise en dialogue de l’offre sportive instituée et informelle mériterait d’être étudiée, et notamment à partir de cette profonde dynamique de développement des city stades dans les communes.

Figure 4 : La typologie spatiale des city stades appliquée au Maine-et-Loire

Sources : Base de données Data ES, équipements sportifs et lieux de pratiques, Ministère de l'Éducation nationale,Sports et Jeunesse (https://equipements.sports.gouv.fr), Observatoire des Territoires (https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr)

Hervé Davodeau et Corentin Noaillac, 2025 : « Essai de typologie des contextes spatiaux d’implantation des city stades en Maine-et-Loire », in L. Lestrelin, Y. Le Lay, F. Madoré, S. Loret & S. Charrier Atlas des Sports [En ligne], eISSN : 2971-4133, mis à jour le : 26/05/2025, URL : https://atlas-des-sports.science:443/index.php?id=672, DOI : https://doi.org/10.48649/asds.672.