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Comment sont dénommés les 76 marathons organisés en France métropolitaine en 2023 ? Les enjeux de dénomination de ces courses ne sont pas anodins, car c’est ce qui va permettre d’en asseoir l’identité et la notoriété. Les références territoriales au sein duquel se déroule l’épreuve sont largement prédominantes. Au sein de ce champ lexical, la diversité l’emporte cependant, car si la mention au territoire communal est retenue dans un cas sur deux, pour l’autre moitié, d’autres référentiels territoriaux sont mobilisés.
On nomme un marathon d’abord par référence au territoire où il se déroule
1Sur les 76 marathons prévus en France métropolitaine en 2023, le champ lexical le plus fréquemment utilisé pour dénommer une épreuve est la référence territoriale (63 épreuves sur 76), ce qui souligne bien le lien étroit tissé entre une épreuve et son inscription géographique (fig. 1 et 2). Deux cas de figure coexistent. Le premier est la mention à la commune où se déroule la course (32 marathons). Souvent, c’est l’unique référence (25 occurrences), mais dans sept cas elle est associée à une autre. Cela peut être un autre référentiel géographique, comme le département, à l’image du Marathon des Alpes-Maritimes Nice-Cannes, ou un référentiel non géographique mais à forte notoriété, dont l’association est susceptible de renforcer la renommée du marathon, comme la Route du Louvre Lille – Lens ou le Marathon Poitiers-Futuroscope.
Figure 1 : Dénomination des 76 marathons organisés en France métropolitaine en 2023 selon la référence lexicale retenue par les organisateurs
Sources : https://www.marathons.fr/Calendrier-des-Marathons-de-France, https://jogging-plus.com/calendrier/marathons/france, INSEE, recensement de la population 2017, composition communale des unités urbaines 2020.
Figure 2 : Répartition des marathons organisés en France métropolitaine en 2023 selon leur dénomination (référence lexicale retenue par les organisateurs)
Sources : https://www.marathons.fr/Calendrier-des-Marathons-de-France, https://jogging-plus.com/calendrier/marathons/france
2Le deuxième cas de figure d’utilisation d’un référentiel territorial pour dénommer un marathon est la référence à un territoire qui dépasse le strict cadre communal (31 marathons). Les appellations retenues renvoient alors à des éléments d’identité territoriale forts qui qualifient le territoire d’appartenance ou de proximité de la ville, susceptibles d’assurer une notoriété au marathon plus importante. Le référent le plus fréquent, avec onze occurrences, est un vignoble, ce qui montre d’une part que le système viticole français est fortement ancré dans les réalités et représentations géographiques et, d’autre part, combien ces événements sportifs s’inscrivent dans un « marché » très concurrentiel traversé par des enjeux de positionnement, de différenciation et de valorisation d’un patrimoine matériel et/ou immatériel local ou régional. Certains vignobles parmi les plus célèbres de l’Hexagone, comme celui d’Alsace, du Beaujolais, du Cognac, du Médoc ou encore de Saint-Émilion, ont ainsi leur nom associé à un marathon. Outre les vignobles, les autres appellations géographiques les plus fréquemment mobilisées pour dénommer un marathon est le département avec cinq occurrences (marathon de l’Ardèche, de la Drôme, du Finistère, des Landes et du Var), ce qui signale sans doute un soutien financier et matériel conséquent des conseils départementaux, puis un cours d’eau ou une région naturelle avec chacun quatre appellations (marathon des 3 Pays du Rhin, de la Loire, de la Marne et Gondoire, et de Seine Eure ; marathon de la Bresse Dombes, du Charolais, du Grésivaudan et du Pays d’Aix).
3Enfin, seule une petite minorité des marathons courus en France en 2023 (treize) est dénommée mais sans aucune référence géographique, ce qui ne permet pas de les situer dans l’Hexagone. Les référents usités sont alors très variables : cela peut être la gastronomie (marathon de la Bière à Montbrison), l’histoire (marathon de la Liberté à Caen) ou encore le patrimoine local (marathon des Écluses à Laval).
La référence lexicale à la commune s’impose dans les villes de plus de 50 000 habitants
4La manière de nommer un marathon n’est pas sans lien avec la taille de la ville organisatrice. Le référent communal est systématiquement dominant pour les unités urbaines de 50 000 habitants et plus. Sur les 32 marathons qui y sont organisés, 21 portent le nom de la commune (fig. 3). En revanche, lorsqu’une agglomération de moins de 50 000 habitants en organise un, dans cinq cas sur 36 seulement le marathon est baptisé du nom de la commune, les organisateurs préférant un autre référent territorial (22 occurrences). Curieusement, tant cela semble contre intuitif, sur les neuf marathons ayant pour cadre une commune hors unité urbaine, six portent le nom de la commune, mais pour trois d’entre eux la notoriété de cette dernière est forte, renvoyant à des lieux touristiques ou sportifs : Cheverny, Magny-Cours et Le Mont-Saint-Michel.
Figure 3 : Référence lexicale retenue par les organisateurs pour dénommer les marathons organisés en France métropolitaine en 2023 selon la taille de l’unité urbaine
Sources : https://www.marathons.fr/Calendrier-des-Marathons-de-France, https://jogging-plus.com/calendrier/marathons/france, INSEE, recensement de la population 2017, composition communale des unités urbaines 2020.
5Cette catégorie lexicale associant le marathon au nom de la commune est donc principalement retenue par les organisateurs des épreuves ayant pour cadre une grande ou moyenne agglomération : la notoriété de cette dernière profite alors à la course et le marathon est un événement qui participe, parmi d’autres, de l’affermissement d’une stratégie de marketing urbain. Dans les plus petites agglomérations, comptant moins de 50 000 habitants, la faible association entre le marathon et le nom de la commune renvoie à différents cas de figure. D’une part, c’est dans cette catégorie que l’on trouve les marathons associés à un vignoble, qui donne son identité à une épreuve qui a pour cadre un territoire viticole reconnu, à l’image du marathon du Cognac ou du Médoc. D’autre part, on peut émettre l’hypothèse que la moindre notoriété de ces petites villes ne permet pas d’assurer au marathon une forte résonance médiatique et que celle-ci sera bien mieux assurée en faisant appel à un autre référentiel. À titre d’exemple, les marathons de l’Ardèche et Var Provence verte sont bien plus faciles à positionner géographiquement que s’ils portaient le nom des villes de départ, à savoir La Voulte-sur-Rhône et Brignoles.
Pour citer ce document
François Madoré et Stéphane Loret, 2023 : « Les marathons en France (2/2) : les enjeux de la toponymie », in L. Lestrelin, Y. Le Lay, F. Madoré, S. Loret & S. Charrier Atlas des Sports [En ligne], eISSN : 2971-4133, mis à jour le : 08/07/2023, URL : https://atlas-des-sports.science:443/index.php?id=569, DOI : https://doi.org/10.48649/asds.569.
Autres planches in : Fabrique des territoires du sport
Bibliographie
Auvray E., « Essai de toponymie des piscines publiques françaises : un patrimoine urbain dénommé entre mémoires et territoires (1884-2018) », Histoire, économie et société, n° 2, 2020, p. 64-85. https://doi.org/10.3917/hes.202.0064
Bessy O., Courir, De 1968 à nos jours. Tome 1 : Courir sans entraves, Pau, Cairn, 2021.
Blin É., « Sport et événement festif. La ville à l’heure des marathons et des semi-marathons », Annales de géographie, n° 685, 2012, p. 266-286. https://doi.org/10.3917/ag.685.0266
Lancelevé S., « Course, l’ambition du nom », dans « Pas plus de deux marathons par an », le 4 février 2021, https://trail.hypotheses.org/194.
Lapeyronie B., « Marathon, trails, raids et développement touristique », Espaces, n° 287, 2010, p. 20-25.
Scheerder J., Breedveld K., Borgers J. (dir.), running across Europe. The Rise and Size of one of the largest Sport Markets, Basingstoke (UK), Palgrave Macmillan, 2015. https://link.springer.com/book/10.1057/9781137446374
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Résumé
Comment sont dénommés les 76 marathons organisés en France métropolitaine en 2023 ? Les enjeux de dénomination de ces courses ne sont pas anodins, car c’est ce qui va permettre d’en asseoir l’identité et la notoriété. Les références territoriales au sein duquel se déroule l’épreuve sont largement prédominantes. Au sein de ce champ lexical, la diversité l’emporte cependant, car si la mention au territoire communal est retenue dans un cas sur deux, pour l’autre moitié, d’autres référentiels territoriaux sont mobilisés.
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